
Au cœur des parcs zoologiques français, une profession essentielle se déploie chaque jour avant même l'ouverture des portes au public. Le soigneur animalier, véritable gardien du bien-être animal, exerce un métier aux multiples facettes qui allie connaissances scientifiques pointues et savoir-faire technique spécifique. Entre la préparation méticuleuse des rations alimentaires, l'observation comportementale et la participation active aux programmes de conservation, ces professionnels dévoués façonnent l'avenir des espèces dont ils ont la responsabilité. Le métier a considérablement évolué ces dernières décennies, passant d'une simple fonction de gardiennage à un rôle complexe intégrant les dernières avancées en matière d'éthologie et de médecine vétérinaire. Découvrez les coulisses d'une profession qui, au-delà de la passion pour les animaux, requiert rigueur, expertise et un engagement quotidien sans faille.
Formation et parcours professionnel du soigneur animalier
L'accès au métier de soigneur animalier s'est considérablement structuré ces dernières années, répondant à des exigences croissantes en matière de compétences scientifiques et techniques. Le parcours type commence généralement par l'obtention d'un diplôme spécialisé, suivi d'une accumulation d'expériences pratiques indispensables pour maîtriser les subtilités du travail avec des espèces variées. La formation continue occupe également une place prépondérante, permettant aux professionnels de se tenir informés des dernières avancées en matière de soins animaliers et de conservation.
La concurrence pour accéder à ces postes reste intense, avec souvent plus de 200 candidatures pour une seule offre d'emploi dans les grands parcs zoologiques français. Cette sélectivité explique pourquoi la formation initiale constitue un atout déterminant pour se démarquer. Les établissements recherchent des profils polyvalents, capables d'allier connaissances théoriques solides et aptitudes pratiques développées à travers des expériences de terrain significatives.
Diplômes reconnus : BPJEPS, BTS GPN et formations spécialisées
Plusieurs cursus de formation permettent d'accéder au métier de soigneur animalier en France. Le BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport) option "Éducation à l'Environnement vers un Développement Durable" constitue une première porte d'entrée, complété par une spécialisation en soins animaliers. Le BTS GPN (Gestion et Protection de la Nature) offre une approche plus large de la gestion des milieux naturels tout en permettant une spécialisation ultérieure.
D'autres formations plus spécifiques comme le Certificat de Capacité pour l'Entretien d'Animaux d'Espèces Non Domestiques ou les titres professionnels de soigneur animalier proposés par certains établissements spécialisés complètent l'offre de formation. Ces cursus intègrent systématiquement des modules sur l'anatomie comparée, la physiologie animale, l'éthologie et la nutrition, formant ainsi un socle de connaissances scientifiques indispensable pour comprendre les besoins spécifiques de chaque espèce.
La maîtrise de l'anglais technique représente également un atout majeur, permettant aux soigneurs de participer activement aux échanges internationaux et de consulter la littérature scientifique souvent publiée dans cette langue. Les compétences en informatique, notamment pour la gestion des bases de données relatives au suivi des animaux via des logiciels comme ZIMS
(Zoological Information Management System), sont devenues essentielles dans le quotidien des soigneurs modernes.
Stages pratiques obligatoires au parc zoologique de paris et à la ménagerie du jardin des plantes
Les formations théoriques ne suffisent pas à former des soigneurs compétents. C'est pourquoi les stages pratiques occupent une place centrale dans le parcours de formation. Des établissements prestigieux comme le Parc zoologique de Paris et la Ménagerie du Jardin des Plantes, tous deux gérés par le Muséum National d'Histoire Naturelle, accueillent régulièrement des stagiaires dans le cadre de leur formation.
Ces immersions professionnelles, d'une durée variable allant de quelques semaines à plusieurs mois, permettent aux futurs soigneurs de se confronter aux réalités du métier : horaires matinaux, conditions climatiques parfois difficiles, charge physique importante et nécessité d'une vigilance constante. Les stagiaires participent progressivement à l'ensemble des tâches quotidiennes sous la supervision de soigneurs expérimentés, depuis la préparation des rations alimentaires jusqu'au nettoyage des enclos, en passant par l'observation comportementale des animaux.
La théorie sans la pratique reste lettre morte. Un stagiaire qui n'a jamais manipulé un animal, même dans des conditions sécurisées, ne peut pas comprendre pleinement les enjeux de notre métier ni développer les réflexes nécessaires pour réagir adéquatement face à des situations imprévues.
Ces stages sont également l'occasion d'apprendre à travailler en équipe et à communiquer efficacement avec les différents services du parc (vétérinaires, responsables pédagogiques, direction). Ils constituent souvent un tremplin vers un premier emploi, les établissements recrutant fréquemment parmi leurs anciens stagiaires dont ils connaissent déjà les compétences et l'investissement.
Spécialisations : grands félins, primates ou espèces marines
Après une formation généraliste, de nombreux soigneurs choisissent de se spécialiser dans la prise en charge d'un groupe taxonomique particulier. Cette spécialisation permet d'approfondir les connaissances et les compétences spécifiques nécessaires à la gestion de ces espèces aux besoins parfois très particuliers. Les grands félins, par exemple, requièrent des protocoles de sécurité stricts et une compréhension fine de leur comportement pour limiter les risques lors des interventions.
Les primates, proches cousins de l'homme, présentent quant à eux des défis spécifiques liés à leur intelligence développée et à leur organisation sociale complexe. Leur enrichissement comportemental doit être particulièrement élaboré pour prévenir l'ennui et les comportements stéréotypés. Les soigneurs spécialisés doivent maîtriser les techniques d' apprentissage médical (medical training) permettant d'obtenir la coopération volontaire des animaux lors des soins.
La spécialisation dans les espèces marines constitue une autre voie possible, nécessitant des compétences techniques supplémentaires comme la plongée sous-marine et la connaissance approfondie des paramètres physico-chimiques de l'eau. Les soigneurs travaillant avec des mammifères marins comme les dauphins ou les otaries développent souvent des compétences en dressage comportemental et en gestion de représentations pédagogiques.
Adaptation aux normes européennes de bien-être animal (directive 2010/63/UE)
L'Union Européenne a considérablement renforcé son cadre réglementaire relatif au bien-être animal ces dernières années, notamment avec l'adoption de la directive 2010/63/UE. Cette législation, transposée dans le droit français, impose des standards élevés concernant les conditions de détention des animaux sauvages. Les soigneurs animaliers doivent désormais intégrer ces exigences réglementaires dans leur pratique quotidienne et se former en conséquence.
La formation continue joue ici un rôle crucial pour permettre aux professionnels déjà en poste d'actualiser leurs connaissances et leurs méthodes de travail. Des modules spécifiques sur la réglementation européenne et ses implications pratiques sont désormais intégrés dans les cursus de formation initiale et dans les programmes de perfectionnement professionnel. Ces formations abordent notamment les concepts de Point Limite
(end-point) et de règle des 3R (Réduire, Raffiner, Remplacer) initialement développés pour la recherche animale mais désormais appliqués plus largement.
L'adaptation aux normes européennes implique également une documentation rigoureuse des pratiques et la mise en place de processus d'évaluation continue du bien-être des animaux. Les soigneurs doivent maîtriser des outils d'évaluation standardisés comme les grilles de scoring permettant d'objectiver l'état de santé physique et psychologique des individus dont ils ont la charge. Cette évolution vers une approche plus scientifique et documentée du bien-être animal constitue l'un des changements majeurs dans le métier ces dernières années.
Protocoles quotidiens et soins spécifiques aux espèces
Le quotidien d'un soigneur animalier s'articule autour de protocoles précis, élaborés en fonction des besoins physiologiques et comportementaux des espèces sous sa responsabilité. Ces routines, loin d'être monotones, demandent une attention constante et une capacité d'adaptation aux situations imprévues. La journée commence généralement très tôt, souvent dès 6h du matin, par un premier tour d'inspection permettant de vérifier l'état de santé des animaux et de détecter d'éventuels problèmes survenus pendant la nuit.
Chaque parc zoologique développe ses propres procédures opérationnelles standardisées (POS) qui détaillent précisément les tâches à accomplir, leur fréquence et les méthodes à employer. Ces protocoles, régulièrement mis à jour en fonction des avancées scientifiques et des retours d'expérience, garantissent la cohérence des soins malgré les rotations de personnel. Ils constituent également un outil précieux pour la formation des nouveaux arrivants et permettent d'assurer la traçabilité des interventions.
Préparation des rations alimentaires selon les régimes phylogénétiques
La nutrition représente l'un des piliers fondamentaux du bien-être animal. Les soigneurs consacrent une part importante de leur matinée à la préparation méticuleuse des rations alimentaires, adaptées aux besoins spécifiques de chaque espèce et, souvent, de chaque individu. Cette personnalisation prend en compte l'âge, le poids, l'état physiologique (gestation, lactation, croissance) et d'éventuelles pathologies nécessitant un régime spécial.
La connaissance des régimes phylogénétiques – c'est-à-dire adaptés à l'évolution et aux adaptations digestives de chaque espèce – est essentielle. Par exemple, les félins, carnivores stricts, nécessitent un apport important en protéines animales et en taurine, tandis que les primates folivores comme les colobes ont besoin d'un régime riche en fibres végétales. Les soigneurs doivent maîtriser ces subtilités nutritionnelles pour éviter les carences ou déséquilibres alimentaires potentiellement graves.
La préparation implique souvent un travail minutieux de pesée, de découpe et parfois de camouflage des médicaments dans la nourriture. Pour certaines espèces comme les rapaces ou les reptiles, les soigneurs peuvent être amenés à préparer des proies entières (rongeurs, poussins) qui répondent aux besoins nutritionnels naturels de ces animaux. Cette dimension du métier, bien que parfois difficile pour les novices, fait partie intégrante des compétences attendues d'un soigneur professionnel.
Techniques d'enrichissement comportemental au zoo de beauval et à la réserve africaine de sigean
L'enrichissement comportemental constitue aujourd'hui un aspect fondamental du travail des soigneurs animaliers. Il vise à stimuler les comportements naturels des animaux, prévenir l'ennui et réduire les comportements stéréotypés qui peuvent apparaître en captivité. Des établissements comme le Zoo de Beauval et la Réserve Africaine de Sigean ont développé des programmes d'enrichissement particulièrement élaborés, servant souvent de modèles pour d'autres structures.
Ces enrichissements prennent des formes variées, adaptées aux besoins spécifiques de chaque espèce. Pour les prédateurs, il peut s'agir de systèmes permettant de "cacher" la nourriture pour stimuler les comportements de recherche et de chasse. Pour les grands singes, des dispositifs cognitifs complexes nécessitant la résolution de problèmes pour obtenir une récompense sont fréquemment utilisés. L'enrichissement peut également être social (interactions intraspécifiques), sensoriel (introduction d'odeurs nouvelles) ou structurel (modification régulière de l'aménagement des enclos).
Les soigneurs élaborent des calendriers d'enrichissement pour garantir une variété suffisante et éviter l'habituation. Ils documentent systématiquement les réactions des animaux pour évaluer l'efficacité des dispositifs proposés et les adapter en conséquence. Cette approche scientifique de l'enrichissement témoigne de la professionnalisation croissante du métier de soigneur animalier, désormais fondé sur des connaissances éthologiques solides plutôt que sur la simple intuition.
Monitoring sanitaire et détection précoce des pathologies
La surveillance sanitaire quotidienne représente une responsabilité majeure des soigneurs animaliers. Premiers observateurs des animaux, ils jouent un rôle crucial dans la détection précoce des problèmes de santé, permettant une intervention vétérinaire rapide lorsque nécessaire. Cette vigilance constante s'exerce à travers l'observation attentive des comportements, de l'appétit, des déjections et de l'apparence générale de chaque individu.
Les soigneurs expérimentés développent une capacité remarquable à repérer des changements subtils, parfois imperceptibles pour un œil non exercé : une légère boiterie, une modification de la posture, une diminution de l'interaction sociale ou un changement dans la consistance des fèces. Ces observations sont systématiquement consignées dans des registres dédiés, constituant une base de données précieuse pour le suivi longitudinal de la santé des animaux.
Le monitoring sanitaire inclut également des tâches plus techniques comme la collecte d'échantillons biologiques (sang, urine, fèces) pour des analyses de routine ou la réalisation de traitements préventifs contre les parasites internes et externes. Les soigneurs doivent maîtriser les techniques de contention spécifiques à chaque espèce pour réal
iser ces interventions en toute sécurité, tant pour eux-mêmes que pour les animaux.Gestion des enclos et maintien des paramètres environnementaux
L'habitat des animaux constitue un élément déterminant de leur bien-être. Les soigneurs consacrent une part importante de leur temps à l'entretien et à l'amélioration des enclos, veillant à ce qu'ils reproduisent au mieux les conditions naturelles de vie des espèces concernées. Cette mission implique un nettoyage régulier, mais également le contrôle et l'ajustement de paramètres environnementaux spécifiques.
Pour les espèces tropicales, par exemple, le maintien de niveaux précis d'hygrométrie et de température est crucial. Les soigneurs utilisent des appareils de mesure calibrés pour vérifier ces paramètres plusieurs fois par jour et ajuster les systèmes de chauffage, de ventilation ou de brumisation en conséquence. Pour les espèces aquatiques, le suivi de la qualité de l'eau implique des contrôles chimiques réguliers (pH, taux de nitrites, d'ammoniac, etc.) et des interventions rapides en cas de déséquilibre.
La conception et l'aménagement des enclos font également partie des compétences attendues d'un soigneur moderne. En collaboration avec les équipes techniques, ils participent à l'élaboration d'habitats fonctionnels intégrant des zones distinctes permettant l'expression de comportements variés : alimentation, repos, jeu, isolement. Cette approche holistique de l'habitat contribue significativement à la prévention du stress et des pathologies associées à la captivité.
Conservation et reproduction des espèces menacées
Au-delà des soins quotidiens, les soigneurs animaliers jouent un rôle fondamental dans les programmes de conservation ex situ des espèces menacées. Leur connaissance approfondie du comportement animal et leur capacité à observer des changements subtils les placent en première ligne pour contribuer au succès des programmes de reproduction. Cette dimension du métier, particulièrement valorisante, s'inscrit dans une mission plus large de préservation de la biodiversité mondiale.
Les parcs zoologiques modernes participent activement à des programmes d'élevage coordonnés au niveau européen ou international, comme les Programmes d'Élevage Européens (EEP) ou les Studbooks internationaux. Ces initiatives visent à maintenir une diversité génétique optimale au sein des populations captives et, dans certains cas, à préparer des réintroductions dans le milieu naturel. Les soigneurs collaborent étroitement avec les coordinateurs de ces programmes, fournissant des informations précieuses sur les individus dont ils ont la charge.
La reproduction en captivité de certaines espèces particulièrement sensibles, comme le panda géant ou certains amphibiens menacés, nécessite une expertise pointue et un suivi extrêmement rigoureux. Les soigneurs spécialisés maîtrisent les techniques de détection des périodes de fertilité, de mise en contact des reproducteurs et de suivi des gestations. Ils participent également activement à l'élevage des jeunes, intervenant parfois directement en cas d'abandon maternel, tout en veillant à limiter l'imprégnation humaine pour les individus destinés à la réintroduction.
Défis et responsabilités éthiques du métier
Le métier de soigneur animalier s'accompagne de responsabilités éthiques considérables qui dépassent largement le cadre technique des soins. Ces professionnels sont confrontés quotidiennement à des questionnements sur les conditions de détention des animaux sauvages, la justification des programmes d'élevage ou encore les pratiques d'euthanasie. Cette dimension réflexive du métier s'est considérablement développée ces dernières années, parallèlement à l'évolution de la sensibilité sociétale aux questions de bien-être animal.
Les soigneurs modernes doivent développer une capacité à évaluer objectivement la qualité de vie des animaux dont ils ont la charge et à remettre en question certaines pratiques traditionnelles lorsqu'elles ne répondent plus aux standards actuels. Cette posture critique, loin d'être un frein, constitue souvent un moteur d'innovation dans les méthodes de gestion et d'aménagement des espaces zoologiques. Elle contribue également à la crédibilité des établissements auprès d'un public de plus en plus sensibilisé aux questions éthiques.
Gestion du stress animal et techniques de contention non-invasives
La réduction du stress représente un enjeu majeur pour les soigneurs animaliers, tant pour le bien-être des animaux que pour la sécurité du personnel. Les techniques de contention traditionnelles, souvent invasives et traumatisantes, ont progressivement cédé la place à des approches plus respectueuses visant à obtenir la coopération volontaire des animaux. Cette évolution paradigmatique a profondément transformé la relation entre soigneurs et animaux.
L'apprentissage médical (medical training) constitue l'une des innovations majeures dans ce domaine. Cette méthode, basée sur le conditionnement opérant et le renforcement positif, permet d'habituer progressivement les animaux à accepter volontairement des manipulations à des fins médicales ou de gestion. Par exemple, un éléphant peut apprendre à présenter sa patte pour une prise de sang ou un grand félin à ouvrir la gueule pour un examen dentaire, limitant considérablement le recours à l'anesthésie.
Le conditionnement médical représente une véritable révolution dans notre métier. Un gorille des plaines qui accepte de présenter son bras pour une prise de sang sans stress ni contrainte, c'est le résultat de mois de travail patient mais aussi l'expression d'une relation de confiance qui transforme radicalement notre façon d'interagir avec ces animaux.
Ces techniques s'accompagnent d'une connaissance approfondie des signaux de stress propres à chaque espèce, permettant d'interrompre une intervention avant qu'elle ne devienne trop contraignante. Les soigneurs doivent maîtriser le langage corporel
spécifique des animaux dont ils ont la charge pour anticiper les réactions et adapter leurs approches en conséquence.
Collaboration avec l'équipe vétérinaire pour les interventions médicales
La relation entre soigneurs animaliers et vétérinaires constitue un pilier fondamental de la gestion sanitaire des collections zoologiques. Cette collaboration quotidienne repose sur une complémentarité des compétences et une communication fluide. Les soigneurs, présents en permanence auprès des animaux, constituent les "yeux et les oreilles" de l'équipe vétérinaire, détectant les premiers signes d'altération de l'état de santé.
Lors des interventions médicales programmées ou d'urgence, les soigneurs jouent un rôle crucial dans la préparation logistique, la contention des animaux et le suivi post-opératoire. Leur connaissance individuelle des pensionnaires permet souvent d'adapter les protocoles aux particularités comportementales de chaque animal, réduisant significativement le stress associé aux manipulations. Cette expertise est particulièrement précieuse pour les espèces peu communes, pour lesquelles la littérature vétérinaire peut être limitée.
La formation continue conjointe entre soigneurs et vétérinaires se développe dans de nombreux établissements, favorisant le partage des connaissances et l'harmonisation des pratiques. Cette approche interdisciplinaire permet d'élaborer des protocoles de soins optimisés, intégrant à la fois les considérations médicales et les aspects comportementaux spécifiques à chaque espèce. Les soigneurs acquièrent progressivement des compétences para-vétérinaires, comme l'administration de traitements ou la réalisation de premiers soins, sous la supervision de l'équipe médicale.
Participation aux programmes EEP (programme européen pour les espèces menacées)
Les Programmes d'Élevage Européens (EEP) constituent la colonne vertébrale des efforts de conservation ex situ en Europe. Ces programmes, coordonnés par l'Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA), visent à maintenir des populations captives génétiquement viables d'espèces menacées à travers un réseau d'institutions zoologiques. Les soigneurs animaliers contribuent activement à ces initiatives à plusieurs niveaux.
Au quotidien, ils collectent et transmettent des données précises sur les individus participant aux programmes : paramètres reproducteurs, comportements sociaux, préférences alimentaires ou particularités médicales. Ces informations, centralisées dans des bases de données partagées comme ZIMS
, permettent aux coordinateurs d'espèces de prendre des décisions éclairées concernant les transferts d'animaux ou les recommandations de reproduction. La qualité de ces données dépend directement de la rigueur et de l'expertise des soigneurs.
Certains soigneurs particulièrement expérimentés accèdent à des responsabilités supplémentaires au sein des EEP, devenant eux-mêmes coordinateurs d'espèces ou participants aux groupes de travail taxonomiques. Cette évolution professionnelle, valorisant l'expertise développée sur le terrain, illustre la reconnaissance croissante du rôle des soigneurs dans la conservation. Elle s'accompagne généralement de missions internationales, permettant des échanges de pratiques avec des homologues d'autres institutions européennes.
Équilibre entre accueil du public et respect des besoins biologiques
La double mission des parcs zoologiques – conservation des espèces et éducation du public – place les soigneurs animaliers face à un défi constant : concilier la présentation des animaux aux visiteurs avec le respect de leurs besoins biologiques fondamentaux. Cette équation complexe nécessite une approche nuancée, tenant compte à la fois des impératifs pédagogiques et des exigences éthologiques propres à chaque espèce.
Les soigneurs participent activement à la conception des espaces de présentation, veillant à ce qu'ils intègrent des zones de retrait permettant aux animaux de se soustraire aux regards lorsqu'ils le souhaitent. Ils élaborent également des plannings d'exposition tenant compte des rythmes biologiques naturels, évitant par exemple de forcer la présence d'espèces nocturnes en pleine journée. Cette expertise contribue à l'évolution des standards d'hébergement, désormais davantage centrés sur les besoins des animaux que sur la commodité d'observation.
La médiation auprès du public constitue une dimension croissante du métier de soigneur. À travers des animations pédagogiques, des nourrissages commentés ou des rencontres thématiques, ils partagent leur connaissance des espèces et sensibilisent les visiteurs aux enjeux de conservation. Cette mission de sensibilisation représente souvent un aspect particulièrement gratifiant du métier, permettant de transformer l'expérience récréative en véritable opportunité d'apprentissage et de prise de conscience environnementale.
Technologies et innovations dans les soins animaliers
L'évolution technologique transforme progressivement les pratiques des soigneurs animaliers, offrant de nouveaux outils pour optimiser le suivi des animaux et améliorer leur bien-être. Ces innovations, allant des applications mobiles de monitoring aux systèmes automatisés d'enrichissement, constituent à la fois une opportunité et un défi d'adaptation pour les professionnels du secteur.
Les technologies de surveillance non invasive se développent rapidement, permettant un suivi continu des paramètres physiologiques ou comportementaux sans perturber les animaux. Les caméras thermiques, par exemple, facilitent la détection précoce de problèmes inflammatoires, tandis que les colliers émetteurs ou les puces sous-cutanées permettent de suivre précisément les déplacements et les interactions sociales. Ces dispositifs génèrent des données précieuses pour les soigneurs, complétant leurs observations directes.
L'intelligence artificielle fait également son entrée dans les parcs zoologiques, avec des applications variées comme la reconnaissance faciale des grands singes, l'analyse automatisée des vocalisations ou la prédiction des périodes de fertilité basée sur des changements comportementaux subtils. Ces outils, bien que ne remplaçant pas l'expertise humaine, permettent d'affiner considérablement le suivi individuel des animaux et d'anticiper certains problèmes de santé ou de comportement.
Témoignages de soigneurs dans différentes structures françaises
Les réalités professionnelles des soigneurs animaliers varient considérablement selon les structures qui les emploient. De la grande institution zoologique internationale au centre de sauvegarde spécialisé, chaque contexte présente des défis et des satisfactions spécifiques. Ces témoignages issus de différents établissements français illustrent la diversité des parcours et des expériences au sein de cette profession passionnante.
Parcours au safari de peaugres : travail avec les rhinocéros blancs
Lucie M., 32 ans, soigneuse spécialisée dans les grands herbivores au Safari de Peaugres depuis huit ans, témoigne de son expérience particulière avec les rhinocéros blancs. Titulaire d'un BTS GPN complété par une licence en éthologie, elle a progressivement développé une expertise reconnue dans la gestion de ces pachydermes imposants, participant activement au programme de reproduction européen de l'espèce.
"Travailler avec les rhinocéros demande une patience infinie et une lecture très fine de leur langage corporel," explique-t-elle. "Ces animaux peuvent peser jusqu'à deux tonnes mais restent extrêmement sensibles aux changements dans leur environnement. Chaque modification de routine, chaque nouvel enrichissement doit être introduit progressivement pour éviter tout stress inutile." Cette approche prudente a porté ses fruits, le Safari de Peaugres ayant célébré plusieurs naissances ces dernières années, contribuant significativement à la population européenne de cette espèce classée quasi menacée par l'UICN.
Le quotidien de Lucie illustre parfaitement la polyvalence attendue des soigneurs modernes. Au-delà des soins directs aux animaux, elle participe aux programmes de sensibilisation du public, formant les médiateurs scientifiques et intervenant occasionnellement lors d'événements thématiques. "Transmettre notre passion et expliquer les enjeux de conservation est devenu une part essentielle de notre métier. Le rhinocéros blanc austral fait face à une pression braconnière intense pour sa corne. Chaque visiteur sensibilisé est une petite victoire pour la protection de l'espèce."
Expérience à l'aquarium de la rochelle : particularités des soins aux espèces marines
Thomas D., soigneur aquariologiste à l'Aquarium de La Rochelle depuis douze ans, présente un parc