
La relation entre l'humain et l'animal de compagnie repose sur un paradoxe fascinant : nous partageons nos vies avec des êtres dont le langage et les codes comportementaux diffèrent fondamentalement des nôtres. Comprendre ce que nos compagnons à quatre pattes tentent de nous communiquer représente un défi quotidien pour des millions de propriétaires. Les malentendus qui en résultent peuvent affecter la qualité de la relation et même le bien-être des animaux concernés. L'éthologie appliquée, cette science du comportement animal, offre aujourd'hui des clés précieuses pour décoder les signaux émis par nos chiens, chats et nouveaux animaux de compagnie. En plongeant dans les subtilités de leur communication non-verbale et en explorant les racines biologiques de leurs comportements, vous pouvez transformer radicalement votre compréhension de ces êtres qui partagent votre quotidien.
Éthologie appliquée : fondements scientifiques du comportement animal domestique
L'éthologie appliquée aux animaux domestiques constitue une discipline scientifique relativement récente, mais qui a connu un développement exponentiel ces dernières décennies. Elle s'intéresse spécifiquement aux comportements des animaux vivant en contact étroit avec l'humain et cherche à comprendre comment la domestication a façonné leurs réponses comportementales. Contrairement aux idées reçues, cette science ne se contente pas d'observer et de cataloguer des comportements ; elle s'attache à en comprendre les mécanismes sous-jacents, les motivations et les fonctions adaptatives.
Les recherches en éthologie appliquée ont permis des avancées considérables dans notre compréhension des besoins fondamentaux des animaux domestiques. Ces connaissances s'avèrent essentielles pour garantir leur bien-être physique et psychologique, particulièrement dans des environnements urbains qui peuvent sembler bien éloignés de leur niche écologique d'origine. Pour le propriétaire attentif, ces informations permettent d'adapter l'environnement, les interactions et les soins quotidiens aux besoins spécifiques de chaque espèce.
Principes de l'éthologie cognitive selon frans de waal et temple grandin
Frans de Waal et Temple Grandin ont révolutionné notre façon d'appréhender la cognition animale. De Waal, primatologue renommé, a démontré que la cognition sociale et les émotions complexes ne sont pas l'apanage des humains, mais existent sur un continuum évolutif. Temple Grandin, quant à elle, a apporté une perspective unique en utilisant sa propre expérience de l'autisme pour mieux comprendre la perception sensorielle des animaux, soulignant l'importance de penser en images plutôt qu'en mots.
Ces deux chercheurs ont contribué à établir les principes fondamentaux de l'éthologie cognitive, qui reconnaît aux animaux des capacités cognitives sophistiquées. Ils ont mis en évidence que nos animaux de compagnie possèdent une conscience de soi, une intelligence émotionnelle et des capacités d'apprentissage souvent sous-estimées. Cette approche nous invite à considérer le chien ou le chat non plus comme un simple être réagissant à des stimuli, mais comme un individu doté d'une vie mentale riche et complexe.
L'observation attentive révèle que les animaux ne se contentent pas de réagir mécaniquement à leur environnement, mais qu'ils interprètent activement ce qui les entoure et prennent des décisions basées sur leur expérience passée et leurs attentes futures.
Neurobiologie des comportements innés vs acquis chez les chiens et chats
La distinction entre comportements innés et acquis représente un fondement de l'éthologie moderne. Les comportements innés, programmés génétiquement, s'expriment sans apprentissage préalable. Chez le chat, par exemple, le comportement de chasse demeure largement inné, même chez un individu n'ayant jamais eu l'occasion de l'exprimer. La neurobiologie nous enseigne que ces comportements sont liés à des circuits neuronaux spécifiques, principalement situés dans les structures cérébrales anciennes comme l'amygdale et l'hypothalamus.
À l'inverse, les comportements acquis résultent d'un processus d'apprentissage. Chez le chien, la capacité à répondre à des commandes verbales complexes illustre parfaitement cette plasticité comportementale. La neurobiologie démontre que l'apprentissage s'accompagne de modifications synaptiques dans le cortex cérébral et l'hippocampe, zones particulièrement développées chez les mammifères domestiques. Ce phénomène, appelé neuroplasticité , explique la remarquable adaptabilité de nos animaux de compagnie.
La frontière entre inné et acquis n'est toutefois pas hermétique. De nombreux comportements résultent d'une interaction complexe entre prédispositions génétiques et influences environnementales. Cette notion de période sensible
- fenêtre temporelle durant laquelle l'animal est particulièrement réceptif à certains apprentissages - s'avère cruciale pour comprendre le développement comportemental optimal des chiots et chatons.
Méthodes d'observation et grilles d'analyse comportementale de konrad lorenz
Konrad Lorenz, père fondateur de l'éthologie moderne, a développé des méthodologies d'observation qui demeurent pertinentes pour tout propriétaire souhaitant mieux comprendre son animal. Sa méthode repose sur l'observation naturaliste, rigoureuse et systématique, permettant d'identifier les séquences comportementales caractéristiques d'une espèce. L'éthogramme, catalogue exhaustif des comportements d'une espèce, constitue l'un des outils fondamentaux issus de ses travaux.
Pour appliquer les principes lorenziens à l'observation de votre animal de compagnie, vous pouvez établir une grille d'analyse comportementale structurée autour de quatre questions fondamentales :
- Quel est le contexte précis dans lequel le comportement apparaît ?
- Quels sont les signaux précurseurs identifiables ?
- Comment le comportement évolue-t-il dans le temps ?
- Quelles sont les conséquences observables de ce comportement ?
Cette approche méthodique permet de dépasser les interprétations anthropomorphiques, particulièrement tentantes avec nos animaux de compagnie. En vous concentrant sur les faits observables plutôt que sur des suppositions concernant les "intentions" de votre animal, vous accéderez à une compréhension plus objective et plus précise de son comportement.
Impact de la domestication sur les schémas comportementaux selon l'échelle de coppinger
Raymond Coppinger a développé une échelle permettant d'évaluer l'impact de la domestication sur les comportements animaux. Selon ses recherches, la domestication n'a pas seulement modifié l'apparence de nos animaux de compagnie, mais a profondément reconfiguré leurs répertoires comportementaux. Cette théorie de la néoténie comportementale suggère que les animaux domestiques conservent, à l'âge adulte, des comportements juvéniles de leurs ancêtres sauvages.
Cette échelle de Coppinger distingue plusieurs niveaux d'altération comportementale liés à la domestication. Au premier niveau, on observe une simple réduction des comportements de fuite face à l'humain. Aux niveaux intermédiaires apparaissent des modifications dans les comportements sociaux et reproducteurs. Enfin, aux niveaux les plus avancés, on constate l'émergence de comportements totalement nouveaux, spécifiquement orientés vers l'interaction avec l'humain.
Le chat domestique présente un cas particulièrement intéressant sur cette échelle, car sa domestication est plus récente et moins intensive que celle du chien. Il conserve de nombreux comportements de son ancêtre sauvage tout en ayant développé des adaptations spécifiques à la vie avec l'humain, comme un répertoire vocal élargi pour communiquer avec nous. Comprendre la position de votre animal sur cette échelle vous aidera à contextualiser ses comportements et à identifier ceux qui relèvent de son héritage évolutif plutôt que d'un problème comportemental.
Langage corporel et communication non-verbale des animaux de compagnie
La communication non-verbale constitue le langage principal de nos animaux de compagnie. Contrairement aux humains qui s'appuient majoritairement sur la parole, les animaux domestiques utilisent un système complexe et nuancé de signaux corporels pour exprimer leurs intentions, leurs émotions et leurs besoins. La capacité à déchiffrer ce langage silencieux représente probablement la compétence la plus importante pour tout propriétaire d'animal.
Cette communication multimodale combine généralement plusieurs canaux simultanément : postures corporelles, expressions faciales, mouvements de queue ou d'oreilles, vocalisations et signaux olfactifs. La subtilité de ce système réside dans sa nature contextuelle - un même signal peut avoir des significations différentes selon la situation, l'environnement ou les signaux qui l'accompagnent. Développer une lecture fluide de ce langage corporel nécessite pratique et observation attentive, mais transforme radicalement la qualité de la relation avec votre animal.
Décodage des postures canines : du port d'oreilles aux signaux d'apaisement
Le langage corporel canin constitue un système de communication extraordinairement sophistiqué. La position des oreilles offre des indices précieux : dressées vers l'avant, elles indiquent l'attention et l'intérêt ; plaquées en arrière, elles peuvent signaler la peur ou la soumission. La queue, souvent considérée comme le "baromètre émotionnel" du chien, communique bien plus que la simple joie lorsqu'elle s'agite. Une queue haute et raide peut indiquer la confiance ou la vigilance, tandis qu'une queue basse ou rentrée entre les pattes signale généralement l'anxiété.
Les "signaux d'apaisement", concept développé par Turid Rugaas, représentent une catégorie particulièrement importante du langage canin. Ces comportements subtils - lécher les babines, bâiller, détourner le regard, se secouer - visent à désamorcer les tensions et à prévenir les conflits. Ils constituent une forme sophistiquée de communication pro-sociale que votre chien utilise non seulement avec ses congénères, mais également avec vous. Apprendre à reconnaître ces signaux vous permettra d'identifier précocement les situations d'inconfort pour votre animal.
La posture globale du corps fournit également des informations essentielles. Un chien confiant et détendu présente une silhouette naturelle, avec un poids équilibré sur ses quatre pattes. À l'inverse, un chien effrayé peut s'aplatir au sol ou se recroqueviller, tandis qu'un chien sur la défensive pourra arquer le dos et se raidir. Ces variations posturales s'accompagnent généralement de modifications dans l'expression faciale, notamment au niveau des yeux (regard direct ou évitant) et des babines (détendues ou retroussées).
Signatures vocales félines : miaulements, ronronnements et vocalisations territoriales
Contrairement à une idée répandue, les chats possèdent un répertoire vocal extrêmement diversifié. Le miaulement, souvent considéré comme la vocalisation féline par excellence, est en réalité principalement utilisé pour communiquer avec les humains, rarement entre chats. Les chercheurs ont identifié jusqu'à 16 types de miaulements distincts, variant en tonalité, durée et intensité selon le message à transmettre – de la simple salutation à la demande pressante.
Le ronronnement, longtemps associé exclusivement au contentement, s'avère bien plus complexe. Les études récentes démontrent que les chats ronronnent également dans des situations de stress ou de douleur, probablement comme mécanisme d'auto-apaisement. La fréquence particulière du ronronnement (entre 25 et 150 Hz) aurait même des propriétés thérapeutiques, favorisant la régénération tissulaire et la guérison osseuse – un système d'autoguérison intégré.
Les vocalisations territoriales incluent le feulement, le grondement et le crachement, signalant clairement l'agressivité défensive ou la menace. À l'autre extrémité du spectre émotionnel, le trille ou gazouillis (ce son modulé que fait un chat en vous accueillant) exprime généralement la joie et l'excitation. L'apprentissage de ces différentes "signatures vocales" et de leur contexte d'apparition vous permettra d'identifier précisément l'état émotionnel de votre chat et de répondre adéquatement à ses besoins.
Marquage olfactif et phéromones : systèmes de communication chimique
La communication olfactive constitue probablement le système le plus fondamental et le plus sous-estimé par les propriétaires d'animaux. Le marquage territorial par urine ou par griffades n'est pas un simple comportement destructeur ou problématique, mais un acte communicationnel sophistiqué. Les phéromones déposées lors de ces comportements transmettent une multitude d'informations sur l'identité, le statut reproducteur et l'état émotionnel de l'animal.
Les chats possèdent plusieurs glandes sécrétrices de phéromones, notamment sur les joues, les pattes, la queue et les flancs. Lorsqu'un chat se frotte contre vous ou contre un meuble, il dépose ces phéromones faciales
qui créent un environnement familier et sécurisant. Ce comportement de frottement, appelé allomarquage lorsqu'il est dirigé vers vous, signifie littéralement que le chat vous inclut dans son territoire sécurisé.
Les chiens communiquent également activement par les odeurs. Leurs glandes anales et leurs coussinets plantaires sécrètent des substances chimiques uniques, véritables "signatures olfactives". Pour respecter ce mode de communication essentiel, il est important de permettre à votre chien d'explorer son environnement en reniflant lors des promenades, même si cela ralentit votre rythme. Cette exploration olfactive constitue pour lui une activité mentale enrichissante et une façon de collecter des informations cruciales sur son environnement social.
Micro-expressions faciales et dilatation pupillaire chez les NAC
Les Nouveaux
Les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) présentent des défis particuliers en matière d'interprétation comportementale, notamment en raison de leur grande diversité. Les rongeurs, les reptiles et les oiseaux possèdent des systèmes d'expression faciale souvent subtils mais néanmoins significatifs. L'observation des micro-expressions faciales nécessite une attention particulière, car ces signaux peuvent être extrêmement fugaces.
La dilatation pupillaire représente un indicateur particulièrement fiable de l'état émotionnel chez de nombreux NAC. Chez les oiseaux de compagnie, comme les perroquets, la contraction ou la dilatation rapide des pupilles (appelée "flashing" par les spécialistes) peut indiquer l'excitation, la peur ou l'intérêt intense. Chez les reptiles, notamment les lézards, la taille des pupilles varie non seulement en fonction de la luminosité, mais également selon l'état d'éveil et le niveau de stress de l'animal.
Les rongeurs comme les lapins et les cochons d'Inde communiquent beaucoup à travers leurs vibrisses (moustaches) et leurs oreilles. Un lapin dont les oreilles sont plaquées en arrière manifeste généralement de l'anxiété ou de la défense, tandis que des oreilles orientées dans des directions différentes indiquent une attention divisée. Le positionnement des vibrisses, avancées ou rétractées, fournit également des informations précieuses sur l'état d'alerte de l'animal.
L'observation fine des micro-expressions faciales de nos NAC exige non seulement une connaissance approfondie de l'espèce concernée, mais également une relation établie avec l'individu pour distinguer ses réactions personnelles des comportements typiques de son espèce.
Troubles comportementaux fréquents : diagnostic et interventions spécifiques
Les troubles comportementaux chez les animaux de compagnie constituent une préoccupation majeure pour de nombreux propriétaires. Ces problèmes peuvent significativement altérer la qualité de vie tant de l'animal que de sa famille humaine. L'approche contemporaine de ces troubles repose sur une compréhension fine de leurs origines multifactorielles, combinant prédispositions génétiques, expériences précoces, environnement actuel et état de santé général.
Le diagnostic précis d'un trouble comportemental requiert une démarche systématique. Il commence généralement par l'exclusion de causes médicales sous-jacentes - un point crucial souvent négligé. De nombreux comportements problématiques peuvent en effet être l'expression d'une douleur ou d'un inconfort physique. Une fois les facteurs médicaux écartés, l'analyse comportementale approfondie permet d'identifier la nature exacte du trouble et de concevoir une intervention adaptée.
Anxiété de séparation canine : protocole thérapeutique de karen overall
L'anxiété de séparation représente l'un des troubles comportementaux les plus fréquents chez le chien, affectant environ 14% de la population canine. Ce trouble se manifeste par une détresse intense lorsque l'animal est séparé de sa figure d'attachement, généralement son propriétaire. Les symptômes typiques incluent les vocalisations excessives, la destruction d'objets, les comportements d'élimination inappropriés et parfois l'automutilation.
Le Dr. Karen Overall, vétérinaire comportementaliste de renommée mondiale, a développé un protocole thérapeutique structuré qui fait aujourd'hui référence. Ce protocole repose sur trois piliers fondamentaux : la modification de l'environnement, le reconditionnement comportemental et, dans certains cas, l'intervention pharmacologique. L'approche d'Overall se distingue par son aspect progressif et sa rigueur méthodologique.
Le reconditionnement comportemental constitue l'élément central du protocole. Il s'agit d'un programme de désensibilisation systématique aux départs du propriétaire, commençant par des séparations extrêmement brèves (parfois quelques secondes seulement) et progressivement allongées. Cette méthode est combinée à un contre-conditionnement
associant le départ à des expériences positives plutôt qu'à l'anxiété. L'ensemble du processus requiert patience et constance, s'étendant généralement sur plusieurs semaines ou mois.
Agressivité territoriale féline : approche multimodale de jackson galaxy
L'agressivité territoriale chez le chat domestique représente un défi complexe, particulièrement dans les foyers multi-chats. Ce trouble se manifeste par des comportements d'intimidation, des attaques, du marquage urinaire et des vocalisations agressives, généralement déclenchés par la présence d'un congénère perçu comme un intrus sur le territoire.
Jackson Galaxy, comportementaliste félin et animateur de l'émission "My Cat From Hell", a développé une approche multimodale pour traiter ce type d'agressivité. Sa méthode repose sur le concept de "catification" - la transformation de l'espace de vie pour répondre aux besoins territoriaux spécifiques des félins. L'aménagement vertical de l'espace, la création de zones de ressources multiples (points d'alimentation, d'abreuvement, litières) et l'établissement de voies de circulation sans conflit constituent les fondements de cette approche.
Galaxy préconise également une technique de réintroduction contrôlée entre chats en conflit, similaire au protocole qu'on utiliserait pour introduire un nouveau chat dans le foyer. Cette méthode implique une séparation temporaire des individus, suivie d'échanges d'odeurs et de rencontres visuelles contrôlées avant les interactions directes. L'utilisation de phéromones synthétiques et la ritualisation des sessions de jeu interactif complètent cette approche intégrative qui reconnaît l'importance fondamentale du territoire dans l'équilibre psychologique félin.
Troubles compulsifs chez les rongeurs et oiseaux : méthodes de réorientation comportementale
Les comportements compulsifs se manifestent fréquemment chez les NAC, particulièrement dans des environnements de captivité inadaptés. Chez les rongeurs, ces troubles peuvent prendre la forme de surtoilettage entraînant des zones d'alopécie, de morsure des barreaux ou de mouvements stéréotypés comme courir en cercle. Chez les oiseaux, le picage (arrachage des plumes), les mouvements pendulaires et les vocalisations répétitives constituent les manifestations les plus courantes.
Les méthodes de réorientation comportementale visent à interrompre ces cycles compulsifs en offrant des alternatives satisfaisantes aux besoins sous-jacents. L'enrichissement environnemental joue ici un rôle crucial. Pour les rongeurs, l'introduction de matériaux à ronger variés, de substrats permettant le creusement et de parcours complexes répond au besoin fondamental d'exploration. Pour les oiseaux, la diversification des perchoirs, l'introduction de jouets destructibles et les opportunités de fourragement (recherche de nourriture) stimulent les comportements naturels.
La technique du façonnement comportemental peut également s'avérer efficace. Elle consiste à renforcer positivement les comportements incompatibles avec l'action compulsive. Par exemple, pour un oiseau présentant du picage, on pourra récompenser systématiquement les comportements d'exploration ou de jeu. Cette approche nécessite une observation fine des déclencheurs environnementaux du comportement compulsif et une intervention cohérente pour réorienter l'animal vers des activités plus adaptatives.
Phobies sonores et désensibilisation systématique selon la méthode turid rugaas
Les phobies sonores affectent de nombreux animaux domestiques, particulièrement les chiens. Ces réactions disproportionnées à certains stimuli acoustiques (orages, feux d'artifice, bruits ménagers) peuvent profondément altérer la qualité de vie de l'animal et de sa famille. La peur intense manifestée lors de ces épisodes peut conduire à des comportements d'automutilation, de destruction ou de fuite dangereuse.
Turid Rugaas, comportementaliste norvégienne reconnue pour ses travaux sur les signaux d'apaisement canins, a développé une approche de désensibilisation spécifique aux phobies sonores. Sa méthode se distingue par son extrême progressivité et son attention particulière aux signaux subtils de stress émis par l'animal. Contrairement aux approches traditionnelles qui peuvent parfois précipiter l'exposition, Rugaas préconise de commencer avec des stimuli sonores à peine perceptibles.
Le protocole complet inclut cinq phases distinctes : l'identification précise des seuils de tolérance, l'exposition contrôlée à des intensités sous-liminaires, l'association systématique du stimulus à des expériences positives, l'augmentation infinitésimale de l'intensité, et enfin la généralisation à différents contextes. Cette méthode exige une patience considérable, mais offre des résultats remarquablement durables. Rugaas insiste également sur l'importance de fournir à l'animal des zones de sécurité
clairement identifiées où il peut se réfugier en cas d'anxiété résiduelle.
Enrichissement environnemental et stimulation cognitive adaptée à chaque espèce
L'enrichissement environnemental représente bien plus qu'une simple amélioration du cadre de vie de nos animaux de compagnie. Il s'agit d'une nécessité fondamentale pour leur équilibre psychologique et physiologique. Les recherches en neurosciences démontrent que les environnements enrichis stimulent la neurogenèse, augmentent la plasticité cérébrale et ralentissent le déclin cognitif lié à l'âge. En termes comportementaux, un enrichissement adapté réduit significativement les troubles du comportement et améliore la capacité d'adaptation face aux changements.
La conception d'un environnement enrichi doit être spécifiquement adaptée aux besoins de chaque espèce, voire de chaque individu. Elle repose sur une compréhension approfondie des comportements naturels que l'animal exprimerait dans son habitat d'origine. Pour être véritablement efficace, l'enrichissement doit solliciter les cinq sens de l'animal et offrir des opportunités d'exercer ses comportements spécifiques : chasse pour les félins, exploration olfactive pour les canidés, vol pour les oiseaux, etc.
Concepts de clicker training et renforcement positif selon la méthode karen pryor
Le clicker training, méthodologie développée et popularisée par Karen Pryor, constitue l'une des approches les plus scientifiquement validées pour l'apprentissage animal. Cette technique repose sur le principe du conditionnement opérant - l'animal apprend à associer un comportement spécifique à une conséquence positive. Le clicker, petit boîtier émettant un son bref et distinct, sert de "marqueur" précis, signalant exactement quel comportement est récompensé.
La méthode de Pryor se distingue par quelques principes fondamentaux. Premièrement, le timing précis : le clic doit intervenir exactement au moment où l'animal produit le comportement désiré. Deuxièmement, la cohérence absolue : chaque clic doit invariablement être suivi d'une récompense, généralement alimentaire dans les phases initiales. Troisièmement, le façonnement progressif : les comportements complexes sont décomposés en étapes successives, chacune récompensée avant de passer à la suivante.
Cette approche présente de nombreux avantages pour la stimulation cognitive. Elle engage activement l'animal dans un processus de résolution de problèmes, favorisant ce que Pryor nomme "l'apprentissage créatif". Contrairement aux méthodes coercitives, le clicker training renforce la relation entre l'animal et l'humain, transformant l'apprentissage en expérience positive partagée. Des études récentes montrent même que cette méthode stimule la production d'hormones associées au bien-être comme l'ocytocine, tout en réduisant les niveaux de cortisol liés au stress.
Jeux d'intelligence spécifiques : puzzles nina ottosson pour chiens et labyrinthes felisyrius
Les jeux d'intelligence représentent un élément essentiel de l'enrichissement cognitif pour les animaux domestiques. Ces dispositifs sollicitent les capacités de résolution de problèmes, la mémoire de travail et la coordination motrice fine. Ils permettent également de satisfaire les besoins comportementaux naturels comme la recherche de nourriture ou l'exploration, particulièrement importants dans un environnement domestique où ces opportunités sont souvent limitées.
Les puzzles développés par Nina Ottosson font référence dans le domaine des jeux d'intelligence canins. Ces dispositifs ingénieux, déclinés en plusieurs niveaux de difficulté, requièrent du chien qu'il manipule différents mécanismes pour accéder à des récompenses alimentaires. Certains modèles exigent de pousser, tirer ou faire pivoter des éléments mobiles, stimulant la dextérité et la persévérance. L'approche d'Ottosson intègre astucieusement les tendances naturelles du chien à renifler et à creuser, transformant ces comportements innés en outils de résolution de problèmes.
Pour les félins, les labyrinthes Felisyrius et autres distributeurs de nourriture interactifs répondent spécifiquement à leurs besoins cognitifs. Ces dispositifs sollicitent les capacités de chasse du chat, l'obligeant à utiliser ses pattes avec précision pour extraire des croquettes de compartiments étroits ou à travers des parcours complexes. Les recherches montrent que l'utilisation régulière de ces jeux d'intelligence ralentit le déclin cognitif chez les chats âgés et réduit significativement les comportements problématiques liés à l'ennui chez les jeunes félins.
Aménagement d'espaces multi-niveaux et création de parcours sensoriels
L'aménagement vertical de l'espace constitue un élément crucial de l'enrichissement environnemental, particulièrement pour les espèces naturellement arboricoles comme les chats. La possibilité d'accéder à différentes hauteurs répond à des besoins comportementaux fondamentaux : observation du territoire depuis une position sécurisée, évitement des confrontations par des voies de circulation aériennes, et expression des comportements d'escalade innés.
Un espace multi-niveaux bien conçu intègre divers types de surfaces et de tex